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Un couteau à pizza forgé: exagéré ou justifié?

Ultimement je vais dire justifié, bien sûr, et même que des fois je me demande si la question se pose vraiment. On pose parfois la même question pour des toiles ou des sculptures et on oublie, je crois, la partie artistique de la chose.


Je dois préciser que j'attache très rarement le mot ''art'' à ce que je fais. Je concède que c'est un travail artistique mais pour moi, le fait de fabriquer un objet qui a une fonction autre que d'être seulement observé ou apprécié, c'est pas de l'art en soi. Le fait de se servir tous les jours d'un couteau pour cuisiner, me porte plus à dire qu on fabrique des outils que des pièces d'art.


Par contre, y'arrive des moments où je me lance dans un projet où la fonction est tout aussi importante, mais elle mise en arrière plan pour laisser toute la place à la créativité et à se ''laisser aller''.


Dans le cas présent, il ne s'agissait pas d'une commande sur mesure, mais plus d'une folle idée que j'avais après avoir vu Balete Blades en faire un en Damasteel. Je voulais mettre tout ce que je pouvais dans un projet extravagant juste ''for the sake of it''.


Ca reste un couteau dont on se sert seulement une fois de temps en temps, mais on s'entend que c'est un showpiece qu'on sort justement à certaines occasions. Comme de la belle vaisselle ou la bonne bouteille de vin qu'on garde depuis longtemps. C'est une démonstration de ce qui se fait de mieux, de quelque chose qui nous passionne.


Je voulais donc y aller avec une lame complexe, en acier laminé avec du nickel et un bearing pour le roulement. Est-ce que le bearing est necessaire? Non. Est-ce que c'est nice? Oui.

Ensuite venait la question de comment rattacher la lame circulaire au manche. J'ai considéré plusieurs designs mais finalement j'ai opté pour deux braquettes identiques, une de chaque côté, et je les ai fait en forgeant une plaque de fer ancien qu'un ami knifemaker de l'ouest canadien m'avait donné provenant des roues d'un vieux chariot de bois. C'est un métal qui a un look très charactéristique, presque fibreux, au look comparable parfois à du bois côté texture. C'était le matériau parfait pour le projet avec tout le caractère qu'il amène.


Quant au bearing, il est press fit au milieu de la lame. Heureusement que j'ai une cnc, j'ai pu machiner le trou au centre pour être exactement le même diamètre que le bearing. Le seul ennui, au début, c'est que le bearing lui a une épaisseur bien différente de celle de la lame. J'ai donc du improviser et créer des ''spacers'' de chaque côté pour que les braquettes arrivent bien à plat de chaque coté du roulement. J'ai donc machiné deux morceaux de laiton que j'ai aussi press fit sur le bearing.


Ce problème étant réglé, ça en a causé un autre. L'épaisseur du bearing fait aussi en sorte que les braquettes sont séparées de l'endroit où ils sont rattachés au manche. J'ai donc j'ai dû ajouter des ''spacers'' là aussi.


Les deux problèmes d'assemblage étaient maintenant réglés.


Mais le plus gros problème n'était pas encore approché. À ce moment là, la lame n'était pas encore sablée. Elle était ronde, oui, traitée thermiquement, aussi, mais les angles de coupe n'étaient pas sablés.


Les machinistes de ce monde et autres gosseux de garage s'imaginent bien qu'un tour à métal aurait surement été l'idéal pour machiner les angles du tranchant de la lame. Par contre, je n'ai pas cette machine. J'ai donc dû tenir la lame dans mes mains, et la sabler sur ma sableuse à ruban et ce, sans ''jig'' pour garder un angle constant. Je ne voulais pas prendre le temps de me fabriquer un support pour sabler la lame, je me disais que ce serait plus vite d'y aller à main libre et que de toute façon, je penses pas en refaire souvent...


Finalement ca a super bien été mais le sablage à la main après a été long et pénible.


Par contre, malgré que je puisse dire que ca a été un long parcours sinueux et difficile, pleins de surprises et d'obstacles, c'était vraiment stimulant et je suis vraiment fier du produit final.


Pour moi c'est pas un couteau à pizza axé sur la fonction. C'est (et je n'aime toujours pas ce terme là) une pièce d'art unique, qui témoigne d'un long travail, de plusieurs années d'expérience qui ont pu mener là, et le summum de ce que je peux faire en date d'aujourd'hui.


C'est le début d'une longue série de couteaux sur lesquels je vais mettre tout ce que j'ai et voir ce que ca donne!


- Gabriel


PS: Si vous voulez voir ce couteau en action, il apparait occasionellement dans l'arsenal de Laurent Dagenais, que je vous invite à suivre sur Instagram et sur Tiktok si vous voulez saliver à chaque jour.


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